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Elvin Bishop: l’interview du GRITZ
par Michael Buffalo Smith / Traduction David André
GRITZ MAGAZINE (www.gritz.net)

"Elvin Bishop’s sittin' on a bale of hay
 He ain't good lookin' but he sure can play." - Charlie Daniels





Elvin Bishop a grandi dans une ferme de l’Iowa, puis sa famille a déménagé à Tulsa en Oklahoma quand il avait dix ans. Il a déménagé à Chicago en 1960 après qu’il ait gagné un prix et une bourse pour l’Université de Chicago, où il a étudié la Physique. A Chicago il a rencontré Paul Butterfield et a rejoint son groupe avec lequel il est resté neuf années. En 1968 il en est parti
et a fondé le Elvin Bishop Group, et il a aussi joué avec Mike Bloomfield sur "The Live Adventures of Mike Bloomfield and Al Kooper".

Au fur et à mesure des années, Bishop a fait des enregistrements avec beaucoup d’artistes de Blues, parmi lesquels Clifton Chenier et John Lee Hooker. A la fin de l’année 1975, il a joué sur quelques titres de l’album de Bo Diddley "The 20th Anniversary of Rock 'n' Roll".

Il est sympa et il a un superbe nouvel album qui s’appelle Beautiful et qui a été produit par Johnny Sandlin

Il y a un autre nom. C’est un super type. Tu lui as parlé ?

Oui, de temps en temps.

Donne-lui mon bon souvenir. C’est un type sympa. Où habite t-il ?

Il est à Decatur en Alabama.

OK, super. J’aimerais bien le revoir.

Tu as chanté « Drunken Hearted Boy » avec les Allman Brothers lors des enregistrements du fameux concert au Fillmore East. Quels sont tes souvenirs de ces shows ?

J’ai l’habitude de dire aux gens que si tu n’as qu’une seule nuit des années soixante comme souvenir, tu n’as pas du avoir une vie très amusante. (rires). Mais c’est vrai que je me souviens
de ce soir-là. On avait l’habitude de se retrouver et de jouer ensemble tout le temps. C’était une époque où on faisait des jams, tu sais. C’était au Fillmore East à New York, et je me souviens
que j’étais sorti après avoir joué, et il y a eu une alerte à la bombe. Ils ont fait sortir tout le monde et attendre dans la rue pendant une heure et demie ou deux heures. Et je me souviens
que le concert était si intense que personne n’est parti. Puis à deux heures du matin ils nous ont laissé re-rentrer, et on a fini de jouer vers cinq ou six heures du matin.

Depuis cette époque jusqu’à il y a quelques années, je n’avais jamais revu les Allman Brothers. Nos chemins ne s’étaient jamais croisés. Puis il y a quelques années j’ai été invité à jouer avec eux à leur concert à Beacon. J’y suis allé et ils ont été très sympas. On a fait la première partie d’un de leurs shows, juste moi et Dereck Trucks et Warren Haynes. Il y a eu beaucoup de fun et j’ai vraiment apprécié de pouvoir jouer avec eux. Warren m’a dit que quand il avait 16 ans, il jouait « Struttin’ My Stuff » avec son groupe qui jouait dans les bars.
Ce nouvel album s’appelle "The Blues Rolls On", et ça parle de la musique qui passe de génération à génération. Tu sais man, ces types en sont le parfait exemple, il faut que je leur en parle.
Je pensais qu’ils n’allaient pas y arriver, mais ils l’ont fait, et c’étaient des types super
qui ont mis leur cœur et leur âme dans cet album. Je pense qu’ils ont fait un super boulot.

Je suis un fan de Warren depuis longtemps maintenant, et j’aime Derek aussi.
Il sonne un peu comme Duane Allman…

Oui un peu. Il joue dans la même tessiture.

J’allais dire qu’il joue aussi des riffs de Coltrane sur sa guitare, ainsi que du Django Reinhardt.

Oui, tu as raison. Mais beaucoup de gens qui écrivent ne remontent pas si loin pour voir ça. Ils cherchent toujours une catégorie pour te mettre dedans, comme ça ils ne cherchent pas qui tu es vraiment, tu sais. Ils disent juste « c’est le nouveau Duane Allman », mais il est beaucoup plus que ça. Je joue de la slide guitar, et je sais à quel point c’est difficile à jouer aussi vite et clair
en même temps. Derek est un monstre de la guitare ! (rires)



On peut revenir aux seventies une minute ? Je voulais te parler de ton contrat chez Capricorn. Toute cette époque et cette scène ont produit la plus grande partie de ma musique sudiste favorite.

On prenait du bon temps à jouer et à faire la fête à cette époque, spécialement avec Toy Caldwell (grands rires). On s’est connus quelques minutes avant les Tuckers. L’époque Capricorn était fantastique. Un jour on a fait un gig à Sacramento au début des années soixante-dix et Marshall Tucker a fait notre première partie. Ils étaient arrivés en ville un jour avant, et Toy et George se sont retrouvés dans un bar de la ville, et ils se sont dit que Toy était Elvin Bishop et George était Johnny V, et ils se sont éclatés pendant toute la nuit. Ils ont bu toute la nuit et ils ont vraiment passé du bon temps. (rires).

On est allés à la pêche le jour suivant, Toy et moi. On a eu du mal à revenir. A minuit on était encore dans le bateau. Toy a dit « Mec j’ai chaud, j’ai super chaud ». Je l’ai regardé et j’ai vu qu’il allait le faire. Il a commencé à glisser et il est tombé du bateau. Il s’est laissé couler dans l’eau (rires). Il a nagé un peu autour et il est remonté dans la barque.
Il a juste dit « Mec je me sens vraiment mieux ».

Toy était un type amusant.

Il avait toujours le sens de l’humour dans toutes les occasions. Il n’aurait pas simplement dit « J’ai chaud. » Il aurait dit « Je suis plus chaud qu’une pute en chaleur dans une forêt en feu ». (rires). C’est tout à fait lui, n’est ce pas ?

(rires) Sur ! Qui sont tes guitaristes préférés ?

Mon guitariste préféré est Earl Hooker. C’est mon joueur de slide préféré. C’est le type de qui j’ai le plus appris. Il n’accordait jamais sa guitare dans une clé particulière comme le font habituellement les joueurs de slide. Il jouait en accord normal. Si tu mets le slide dans un doigt,
il t’en restera trois pour jouer, l’autre faisant la slide. Et si tu as trois doigts tu joueras mieux que Django Reinhardt (rires). Il a essayé de jouer comme une voix humaine, et il jouait comme une voix humaine. Il a joué un morceau de Ray Charles et si tu fermais les yeux tu voyais Ray Charles. Il a fait ça si parfaitement avec le son, le touché et le phrasé. Il jouait sur les frets, glissant comme un oiseau dessus.

J’ai toujours aimé Otis Rush et Luther Tucker, Albert Collins. Une des chances de mon existence
a été que je n’ai jamais eu le talent pour imiter les autres, ça m’a forcé à créer mon propre style.
Si j’avais pu sonner comme Albert Collins, je l’aurais surement fait. Et dans les nouveaux musiciens, j’aime Derek et Warren, Kid Andersen de Norvège et aussi ce type Rusty Zen.
J’aime Ben Harper.


Parle-moi de ce nouvel album. Tous ces grands musiciens, BB King…

Je suis venu avec l’idée, mais je ne voulais pas faire un de ces trucs avec une liste de noms et des enregistrements sur lesquels j’aurais après pensé « ça ne sonne pas aussi bien que je l’aurais espéré ». Tu sais, il y a des types qui veulent jouer uniquement parce qu’ils disent qu’ils veulent le faire. Ils ne sont pas vraiment concernés, ou sinon ce qu’ils jouent ne correspond pas à leur personnalité. J’ai essayé de faire correspondre des musiciens à des titres pour lesquels j’espérais que cela leur conviendrait. Les musiciens sont venus et plus que pour un simple boulot, ils sont venus et ont mis leur cœur et leur âme dans ces enregistrements. C’était une grande aventure. Je savais que ce cd pourrait être tout à fait hors des courants de la mode et ne pas se vendre, mais je l’ai fait quand même, je voulais le faire et c’était une bonne idée. Ca a été dur à réunir tout le monde.

J’ai enregistré le titre avec BB King chez moi, et j’ai du aller où il habite à Las Vegas pour enregistrer ses parties, puis j’ai tout ramené chez moi. Je me suis assis avec BB pendant une heure ou deux et on a discuté. Il m’a raconté quand Roy Milton et lui ont été virés de la Ligue de Baseball, et où ils avaient du jouer avant le match. Je lui ai dit « man, vous aviez des couilles
de faire ça ! ».

En allant voir BB, j’étais à l’aéroport d’Oakland. A la sécurité ils m’ont arrêté parce que j’avais un pot de confiture - oui je fais de la confiture à la maison, j’ai un grand jardin et je cultive des légumes - et BB aime ma confiture, donc je lui en amenais. J’avais oublié les nouvelles consignes de sécurité ; ils m’ont demandé « c’est de la confiture maison ? » et j’ai répondu « oui ».
Le type m’a dit « elle a l’air délicieuse » et j’ai approuvé. « C’est super » a-t-il approuvé, 
« mais vous ne pouvez pas la prendre dans l’avion ». Il a mis le pot sous sa table et il l’a gardé.
Il ne l’a pas jeté ! J’ai essayé de discuter « S’il vous plait, c’est pour BB King. Ne pouvez-vous pas faire une exception ? » Il m’a regardé, a réfléchi une minute et a dit « Bon si c’est BB King,
tu peux lui dire que si le Thrill is gone, et bien sa confiture aussi ! » (rires) .